LE MAL DE MÈRE

Republié, avec amour…

Publié pour la première fois le 28 juillet 2012 sous le titre ‘The Return of the Mommy’ 

Ok, tout le monde… Il est temps de déposer les armes dissimulées; les arguments pointus, les regards appuyés, les attitudes de déni – oui, les livres de prière, notre copie trop usée de « la doctrine secrète » et les baguettes en cristal aussi… Et les crucifix et les malas, et tout l’attirail habituellement nécessaire pour vous protéger quand l’existence matérielle vous accule au pied du mur.

Débarrassons-nous de notre ton de voix haut perché d’apprenti sainteté, des sourires forcés, des prosternations et courbettes. Éteignez votre musique d’ambiance transe, enlevez vos bouchons et réduisez au silence ce CD d’Eckart Tolle. Éteignez l’encens, fermez le chakra coronal et venez donc vous asseoir près du feu. Il faut vraiment qu’on parle.

Parfois je me demande si je vais vivre assez longtemps pour voir les gens réaliser ce changement de paradigme – voir les gens vraiment saisir ce qu’est le Féminin Sacré.

Nous savons déjà qu’il faut protéger la terre – Facebook regorge de photos belles à en pleurer de ce joyau qu’est notre terre, suscitant notre amour de la nature, et d’images de dévastation de l’exploitation pétrolière, qui nous inspirent une honte et une rage perplexe (et éventuellement, je l’espère, des actions inspirées). L’aspect Terrestre du Féminin Sacré est facile à cerner par nos cœur et nos esprit, n’est-ce pas…?

Mais les principes et les idéaux pour lesquels nous nous battons – processus que nous appelons souvent notre mission de vie – sont nés des principes contraires à la programmation reçue durant notre enfance. Nous nous battons pour la justice lorsque nous avons subi l’injustice; nous dédions nos vies pour aider les enfants quand nous avons été profondément blessés dans l’enfance – nous résistons contre notre blessure intérieure, et cette opposition devient notre but principal. Le problème c’est que la programmation enregistrée dans notre psyché entre 0 et 5 ans devient le fondement de notre système de croyance. Les idéaux que nous adoptons comme fondement de notre existence sont en réalité en opposition avec ce que nous croyons réellement. Alors nous nous battons et résistons et nous sacrifions –  tous des mots d’opposition– mais en même temps nous sommes dans le déni de nos croyances véritables, sabotant nos propres combats. La personne qui fait des pieds et des mains pour prouver qu’elle n’est PAS stupide, insignifiante, vulnérable, impuissante, incapable de réaliser quoi que ce soit de substantiel, etc., porte réellement en elle, à un niveau cellulaire absolu, qu’elle est en fait toute ces choses. Si nous nous battons pour la justice, il est plus que probable que nous percevions le monde comme un endroit injuste…et c’est nos croyances profondes qui créent notre réalité, et non pas nos idéaux. Donc… nous aurons toujours un combat à mener…. À moins de reconnaître et de se libérer de notre programmation.

Nous avons appris au cours de ce millénaire que la vie dans un corps physique est un combat – nos corps sont des prisons que nous devons protéger, nourrir et habiller par un labeur constant. En plus, nous nous incarnons dans ce corps et la première chose que la majorité d’entre nous réalisent est que nous devons modeler notre attitude pour mériter l’amour des gens de qui notre survie dépend. Nous apprenons qu’afin de recevoir soins et amour (donc, par corollaire, pour survivre physiquement), nous devons en fait trahir notre âme – notre moi profond. La fracture corps/âme est mise en évidence et une antipathie envers le corps est crée. À ce moment, une relation amour-haine se développe avec la Mère – une relation qui teinte notre perception de la nourriture, de la Terre et de notre corps, spécialement s’il adonne qu’il soit féminin…

Ce que j’affirme ici, c’est que la majorité d’entre nous, particulièrement dans les communautés spirituelles, n’avons pas reconnu, et encore moins réalisé, l’intensité du dégoût/mépris, de la méfiance que nous éprouvons réellement envers les Autres aspects du Féminin Sacré – la maternité, nos corps, et la matérialité en général. Oui, nous trouvons les chatons attendrissants et les couchers de soleil magnifiques, mais ils ne pèsent pas suffisamment dans la balance pour compenser la dissonance du côté sombre de la physicalité – la vieillesse, la guerre, la pauvreté, la cruauté, les maladies… Nous nous centrons sur le mental et l’esprit, et toutes les méthodes possibles pour sortir du corps aussi vite que possible.

« Dieu le Père » est le père absent, héros perpétuel qui ne peut mal agir car il n’est pas là –  tandis que la Terre Mère est la présence immuable et par extension la mère non respectée qui a historiquement endossé la culpabilité et la responsabilité de tout ce qui a mal tourné. Notre état de conscience présent est similaire à quelqu’un qui déclare : « Ma mère était une sainte » et qui fuit pourtant comme la peste toute ressemblance possible avec elle. Mon père était un salaud – mais il détenait tout le pouvoir…

Tout au long de ma vie, j’ai souvent trouvé exténuant et même désolant d’être un porte-parole pour le Féminin – pour nos corps, parties intégrantes de la Terre, non seulement en tant que réceptacles accumulant notre histoire humaine, mais aussi en tant que véhicule de notre ascension – et pas seulement parce que j’ai été l’objet de tant de projections maternelles… J’imagine que cette lancée couvait depuis un bout de temps!

Voilà comme suit :

  • Entraîner nos corps pour obtenir une superbe apparence (peu importe ce que cela signifie pour chacun de nous individuellement) et pour les soumettre à tout ce que nous désirons qu’ils fassent, ne signifie pas aimer notre corps, pas plus qu’ « aimer » un enfant ou un animal en autant qu’il soit sage et obéissant, ou aimer la Nature seulement sous sa forme domestiquée et manucurée, et non pas sauvage, ne signifie réellement aimer.
  • Aimer la terre et pourtant haïr l’Humanité est un non-sequitur – nous faisons tous partie de l’être vivant qu’est Gaia;
  • En tant que femmes, nous sommes toutes aussi misogynes que les hommes, sinon davantage. Nous vénérons notre intellect tout en abusant notre corps; nous sommes avides de sororité mais préférons souvent la compagnie des hommes – ou des femmes masculinisées; nous adhérons encore à tous les stéréotypes négatifs concernant nos émotions, notre capacité à recevoir et notre capacité d’Être, simplement, sans performer notre vie – tous ces aspects étant perçus comme des signes de faiblesse et de vulnérabilité;
  • Phénomène déclanchant la frustration/l’amusement de plusieurs enseignantes, une voix masculine bénéficie de plus de crédibilité et par conséquent de plus de support. Une femme peut tenter de répandre un message durant plusieurs années; il ne sera entendu que lorsqu’un homme l’affirmera. Les auteurs publiés sont systématiquement privilégiés pour des promotions au détriment de tous ceux issus de la tradition orale et expérientielle.
  • La plupart d’entre nous sommes des touristes dans notre propre corps – et nous trouvons qu’un voyage dans notre corps, ne serait-ce que d’une journée, est une aventure extrême. Le ventre – et bien – c’est tout comme d’entrer en zone de guerre. C’est le lieu où nous accumulons tous les déchets toxiques de nos vies – un magma boueux de honte et de haine de soi entoure la force de vie créatrice habitant cet endroit, pour éventuellement l’étouffer… Toute action nous ramenant dans notre ventre – le sexe, la maternité, la danse du ventre – va inévitablement se révéler plus chaotique que nous l’imaginons, émotionnellement parlant.

Notre travail visant à redécouvrir le Féminin Sacré (qui en passant n’est parti nulle part, et existe sans regards pour notre capacité ou incapacité à le percevoir) doit impliquer une incursion dans notre corps qui est loin d’être plaisante, pour décharger les cellules des croyances ancestrales périmées concernant notre réalité et la place que nous y occupons… En rencontrant et en reconnaissant ces croyances, il devient possible de les dégager petit à petit, et de libérer ainsi notre corps et nos ancêtres des limitations de la dualité… Nous aurons finalement la possibilité d’exercer notre libre arbitre véritable, et de créer le futur que nous désirons…

Nous sommes en train de voir un Nouvel Humain émerger dans le monde. C’est une naissance normale, avec la tête qui pointe en premier…mais le corps doit suivre…! S’incarner pleinement, corps et esprit s’unissant, réconciliant la dualité Terre et Ciel, Esprit et Matière, est, je crois, notre destinée…et notre responsabilité.

Restez donc avec moi près du feu, encore un peu… Les pieds bien ancrés au sol, l’imagination s’étirant vers le multivers, le cœur lié par notre humanité mutuelle… notre destinée mutuelle… Ne le sentez-vous pas dans vos tripes et vos os, à quel point c’est un honneur et une merveille, d’habiter ce corps, ici et maintenant? Tandis que la gratitude emplit vos cœurs et se répand pour réchauffer votre être, la Déesse s’éveille en vous…

Bénis soit-on!

Bénédictions et amour,

Dawn

Pour de l’aide pour mieux vivre dans votre corps, consultez :

https://dawnbramadat.wordpress.com/visualizations/  (en français et en anglais)

Texte traduit de l’anglais par Edith Labonté

 

 

 

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1 Response to LE MAL DE MÈRE

  1. Edith says:

    Hilarante introduction Dawn:)!!! Merci pour ce texte intelligent et criant de vérité, qui me ramène vraiment à l’essentiel… Cette lecture fût un pur plaisir.

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